Cardi B : Une pochette de disque sulfureuse et litigieuse
Quatre années déjà qu’est sorti le premier album de la rappeuse américaine Cardi B à la pochette sulfureuse et pour le moins évocatrice. Sans rentrer dans une description détaillée de cette photo (que vous pourrez retrouver facilement grâce à vos moteurs de recherches préférés), on y voit au premier plan un homme de dos, celui-ci entièrement recouvert d’un tatouage.
Il a fallu quatre ans à cet américain, Kevin Brophy Jr. pour découvrir qu’il s’agit de son tatouage, mais pas de son dos ! Il n’a pas été l’heureux mannequin choisi pour poser, n’a jamais rencontré la célèbre rappeuse, et n’a évidemment jamais été informé que son tatouage avait été utilisé sur cette pochette de disques vue probablement des centaines de millions de fois sur Internet.
Le jeune homme a récemment saisi la justice américaine en raison de l’appropriation sans autorisation de son tatouage dorsal mais aussi parce que cette utilisation est selon lui « offensante, trompeuse, humiliante » en raison de la nature « obscène » de ce visuel, apparemment rapidement exécuté par l’auteur de la pochette qui a expliqué n’avoir été payé que 50 dollars pour la réaliser.
Timm Gooden a avoué avoir photoshopé le dos tatoué de Kevin Brophy Jr., trouvé sur Google, pour l’apposer ensuite sur le dos d’un mannequin, alors que la star plaide un « usage transformé » du dessin (tatouage du cou effacé, et celui du bras repositionné).
Le juge a accepté de retenir la demande du plaignant et renvoyé les parties à une prochaine audience début 2021, considérant d’ores et déjà que le jeune homme est reconnaissable en raison de ce tatouage spécifique.
Appropriation de l’image d’autrui sans autorisation, mais aussi atteinte à l’honneur et à la considération, d’un côté. Possible transformation et appropriation d’une image existante par un artiste dans une « œuvre » plus globale, de l’autre côté. La justice américaine tranchera prochainement.
Rappelons que Google a ajouté fin août 2020 une option pour indiquer clairement les droits attachés aux images répertoriées sur le moteur de recherches afin de les utiliser « de manière responsable ». Le nouveau filtre disponible au moment de la recherche dans Google Images permet l’apparition d’un petit encart semi-transparent sur les photos indiquant si celles-ci sont libres de droit, et donc réutilisables, ou nécessitent un accord de licence avec la personne détenant les droits sur la photographie choisie.
Julie Raignault, Département Droit de l’art.
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